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Steve Guerdat

Equestrio

jeudi 30 octobre 2003

Equestrio un magazine de prestige pour les sports équestres… La rédaction, composée de cavaliers, s’est emparée d’un ambitieux projet dont l’objectif est de vous faire rêver.

Bien que je sois un fidèle fan du Cavalier romand, je ne crois pas lui faire une infidélité en transmettant mes meilleurs vœux de succès à Equestrio, magazine trimestriel.

Européens de jumping Steve Guerdat impressionne

Européens de Saut Steve Guerdat à 0.99 Pt du bonheur

Les Suisses s’étaient rendus aux européens de Donaueschingen avec l’objectif principal d’y décrocher leur qualification pour les J.O. d’Athènes.

Au final, un podium par équipe, synonyme de ticket olympique et un exploit manqué de peu par le benjamin de ces championnats, Steve Guerdat, qui ne termine qu’à 0,99 points de la médaille d’or individuelle. Jamais la lutte ne fut aussi serrée pour départager les meilleurs.

Véritable artisan de la médaille de bronze par équipe, le jeune prodige jurassien n’a pas seulement épaulé Beat Mändli et les routiniers Markus Fuchs et Willi Melliger, il a véritablement joué un rôle pilier. Avec la complicité de l’excellent Tepic La Silla, que lui confiait pour l’occasion Monsieur Alfonso Romo et qu’il ne montait que depuis 2 mois, il a su aligner deux sans faute décisifs, faisant preuve d’un sang froid exceptionnel pour un premier championnat à ce niveau. Propulsé au deuxième rang provisoire avant la grande finale individuelle, il s’en est fallu de peu, d’une toute petite faute, la première en 7 concours, pour voir s’échapper toute chance de médaille. Finalement classé 6ème, Steve, bien sûr très déçu, n’a rien à se reprocher.

Maîtres sur leur terrain, les allemands se sont bien rachetés de leur contre performance des Jeux Mondiaux de Jerez, en glanant 4 des 6 médailles décernées. Christian Ahlman, Ludger Beerbaum, Marcus Ehning, et Otto Becker ont remporté l’or par l’équipe devant le quatuor français. On retrouvait les trois premiers nommés sur les trois premières marches du podium individuel, à l’issue d’une finale à rebondissement dans laquelle les favoris virent tour à tour leurs espoirs s’envoler. La victoire de Christian Ahlmann, Benjamin de l’équipe allemande, marque un certain renouveau dans le milieu du jumping. Des cavaliers tels que Markus Ehning (3ème), Malin Baryard (5ème) et bien entendu Steve Guerdat (6ème), tous agés de moins de 30 ans, n’ont pas fini de faire parler d’eux. La relève des prochaines années est d’ores et déjà assurée.

Joint au téléphone 2 semaines après son exploit, Steve Guerdat, qui rentrait de ses deux heures de fitness quotidiennes, nous a livré ses impressions à froid. Même si la déception se fait encore fortement ressentir, il commence tout de même à savourer sa médaille de bronze par équipe. Il exprime aussi toute son admiration et sa gratitude envers Jan Tops, chez lequel il est basé depuis novembre 2002. A Valkenswaard, dans le sud des Pays-Bas, les prestigieuses installations du grand cavalier et marchand batave, son considérées comme les écuries internationales No 1. Steve y bénéficie d’un encadrement hors pair et compte bien tirer le maximum de cette opportunité.

Travailleur, modeste et passionné, il a tous les atouts pour continuer sur sa lancée et réussir une grande carrière.

Pour votre premier championnat dans la cour des grands, vous avez véritablement tiré votre équipe sur le podium, comment avez-vous appréhendé cette finale, sachant que l’enjeu était double avec à la clé la qualification pour les Jeux Olympiques ?

Beaucoup de monde me demande comment j’ai fait pour gérer la pression. Mais en réalité, j’étais assez en confiance. Mon cheval était tellement exceptionnel, que je savais que rien ne pouvait m’arriver. La question s’est surtout posée le 1er jour et c’est vrai, qu’avant la chasse, j’étais un peu tendu. C’est toujours difficile d’aborder une telle épreuve, surtout je ne connaissais pas très bien Tepic. Cette épreuve allait me permettre d’évaluer comment lui et moi allions réagir sous la pression. Ce premier jour m’a tout de suite mis en confiance et après, pour la coupe des Nations, tout s’est très bien déroulé. Je crois que Tepic aurait encore pu aligner deux tours de plus sans faute ! 

Vous retrouver sur le podium la médaille de bronze autour du cou et entouré de tous vos modèles, l’auriez-vous un jour imaginé ?

Non, c’était vraiment la classe !

Il ne faut pas oublier que la Suisse n’avait aucun point de repère cette saison, compte tenu qu’elle n’est pas dans la Super Ligue. C’est vrai que l’enjeu principal était de se qualifier pour les JO. Un podium, on y pensait même pas. Pour atteindre notre but, il nous fallait tout de même battre l’Irlande, L’Angleterre et l’Italie, c’était déjà très difficile. D’autant plus que le cheval de Markus  n’était pas dans sa meilleure forme et que Gold, celui de Willi, n’est pas toujours une sécurité sur les rivières. Finir sur le podium, c’est magnifique, surtout qu’il nous manquait pas grand-chose pour atteindre la médaille d’argent, nous n’étions qu’à une faute de la 2ème place ! 

Avant la finale individuelle, vous faisiez figure de favori pour l’obtention d’une médaille, comment avez-vous abordé cette épreuve ? 

De la même manière que la Coupe des Nations. J’étais en pleine confiance et sentais mon cheval en grande forme. Lors de la 1ère manche, j’ai fait faute à la rivière, une faute assez typique chez les chevaux d’expérience en championnat. C’est arrivé à d’autres très bons chevaux comme Pozitano ou For Pleasure. Après avoir sauté plusieurs fois de suite une rivière non surbarrée, il peut arriver qu’ils finissent par redescendre dedans.

Quant à ma faute de la 2ème manche sur l’oxer, c’est la seule faute que Tepic Commettait avec moi depuis que je l’avais, c´est-à-dire en 7 concours. Finir à moins d’un point du premier, pour finalement se retrouver 6ème, c’est rageant. J’avoue ne pas avoir dormi pendant des nuits. Même si c’est magnifique de finir 6ème, il ne faut pas oublier qu’une chance pareille ne se représente pas souvent. 

A froid, quel bilan faites-vous de ce championnat d’Europe ?

La déception est tout de même bien présente. Du point de vue personnel, je serai resté le même, avec ou sans médaille d’or individuelle, mais ma carrière, être champion d’Europe à 21 ans aurait été un extraordinaire tremplin. Je commence maintenant seulement à savourer le 3ème place par équipe et me dire que 6ème, c’était pas si mal. 

Tepic est donc, comme prévu, reparti chez son propriétaire ?

Oui et j’avoue avoir versé une larme quand il est parti.

Je ne sais pas si je pourrai remonter un cheval de cette qualité dans ma carrière. Il a changé ma carrière, mais pour moi, c’est toute ma vie qu’il a changé. Je ne vis que pour mes chevaux et j’espère que ce que je suis en train de vivre est le début d’une histoire qui durera longtemps

Avec votre performance aux européens, ressentez vous désormais une pression supplémentaire ? 

Non, je suis tellement bien entouré avec Jan Tops. J’ai la chance d’avoir un team à 200%derrière moi.

Jan a fait un travail extraordinaire avec ma carrière et le planning de mes chevaux et je suis arrivé à ce niveau sans brûler aucune étape. Grâce à lui, je commence maintenant à avoir de solides bases dans le monde des grands. J’ai la chance d’avoir des chevaux fantastiques et je connais mes capacités ; je pense que chacun monte comme il monte, c’est le reste qui fait la différence. Je travaille énormément et monte beaucoup tous les jours. J’essaie vraiment de me donner au maximum.

N’auriez-vous pas eu les mêmes possibilités en restant en Suisse ?

Non, mis à part MarkusFuchs, personne n’aurait pu m’offrir une telle structure avec 4 ou 5 chevaux de Grand Prix à ma disposition. Même s’ils sont vendus à un moment donné, d’autres viennent prendre le relais. Il peut bien sûr survenir une période de malchance, comme en ce moment où deux de mes meilleurs chevaux sont blessés, ce sont des événements imprévisibles, mais je dispose toujours d’un bon piquet de chevaux.

Comptez-vous rester en Hollande pour une durée indéterminée ?

Si c’est possible du côté de Jan, je projette de faire ma carrière ici. Ce que j’ai ici, la qualité des chevaux ainsi que les conditions de travail, je ne peux le retrouver nulle part ailleurs. Je suis comme dans un rêve.

Quel est votre programme pour ces prochains mois ?

J’ai été obligé d’annuler quelques concours à cause de blessures de mes chevaux. Mais je vais normalement à Paris puis à Lanaken, aux championnats du monde des jeunes chevaux, événement très important pour Jan.

Après, cela va dépendre des chevaux, il y a le circuit indoors Coupe du Monde qui commence et je serai évidemment présent é Genève en décembre !

Les impressions de Rodrigo Pessoa 

Vous étiez présents aux européens de Donaueschingen, comment analysez-vous la performance de Steve Guerdat ?

Il a vraiment été exemplaire tout au long du championnat, surtout qu’il ne montait Tepic que depuis 2 mois. Dans la Coupe des Nations, il a été tout simplement fantastique et dans la grande finale, il a manqué un peu de chance. Sans sa petite faute dans la 2ème manche sur cet impressionnant oxer qui toisait tout de même 1m60 de haut pou 1m80 de large, il gagnait.

C’est vraiment un plaisir de le voir évoluer, de voir la façon dont il construit ses parcours. S’il dispose de chevaux à la hauteur, il va falloir compter sur lui à l’avenir, il va sans doute beaucoup gagner et faire partie des meilleurs.

Sources :Equestrio Laureline buhler

30.10.2003

 

 

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