Jeux Olympiques. Le chef d’équipe des cavaliers suisses en est convaincu. Ils iront loin à Hong Kong. Oubliée et digérée donc, la « catastrophe » d’Aix-la-Chapelle
Tout sourires, les cavaliers suisses ! Comme s’ils avaient une petite (et belle) idée derrière la tête. Présente au grand complet hier à Berne pour une dernière conférence de presse dans notre pays, l’équipe de Suisse de saut d’obstacles a rappelé sa motivation avant les Jeux Olympiques, qui auront Hong Kong pour cadre pour les compétitions hippiques.
« Notre souhait : une médaille », ont lâché tour à tour les quatre titulaires de l’équipe de Suisse, à savoir la Fribourgeoise Christina Liebherr, le Jurassien Steve Guerdat, le Soleurois Niklaus Schürtenberger et le Zurichois Beat Mändli.
Le fou rire – presque communicatif – qu’ont offert Daniel Etter, le remplaçant, et Steve Guerdat en disaient long sur l’humeur joyeuse de cette troupe. « J’en suis convaincu, nous sommes sur le bon chemin », martelait d’ailleurs Rolf Grass, le chef d’équipe.
Le souvenir (lumineux) d’Athènes
L’équipe de l’expédition olympique 2008 a tout de l’effectif des précédentes joutes. Le team d’Athènes était composé de Markus Fuchs, Fabio Crotta et les Romands Liebherr et Guerdat. »Certains, dixit Steve Guerdat, pensaient que l’équipe ne méritait pas sa place en Grèce, que nous ne possédions pas assez d’expérience ! »
Le résultat, une brillante cinquième place à Athènes, a servi a lancé cette nouvelle vague de cavaliers. Christina Liebherr, en tête. « Ce fut ma première grande compétition, un cap donc. Je n’avais jamais sauté aussi haut et je n’ai jamais resauté aussi haut depuis. Ces Jeux m’ont marquée, c’est certain ».
L’amazone fribourgeoise possédera même un avantage sur nombreux de ses concurrents internationaux. « Je regardais la liste des cavaliers sélectionnés aux Jeux.On ne retrouve pas beaucoup de paires présentes il y a quatre ans. Ca me rend fière du chemin parcouru ».
Une suisse en pleine confiance à l’heure d’aborder les JO? Ce n’est pourtant pas tout à fait le décor.
Le souvenir (douloureux) d’Aix-la-Chapelle
Le raté au Prix des Nations d’Aix-la-Chapelle il y a quinze jours a marqué l’équipe. La Suisse terminait septième sur huit en additionnant 49 points ! Pius Schwitzer en a d’ailleurs fait les frais, Daniel Etter prenant finalement sa place de remplaçant. «Ce fut une catastrophe. On aura appris de cette épreuve. Il faut se battre ensemble et travailler sur chaque obstacle. Cela va nous servir comme un bon coup de pied au c…», raconte Steve Guerdat.
Christina Liebherr, laissée au repos à cette occasion, a eu tout loisir d’analyser la contre-performance des siens. « Je n’ai pas senti cet esprit d’équipe. Quelque chose clochait. Ce n’était pas l’entente parfaite . » Une querelle d’hommes ? « Ce que je sais, c’est qu’en arrivant aujourd’hui à Berne, j’ai retrouvé cette ambiance qui peut faire notre force. »
Christina Liebherr, laissée au repos à cette occasion, a eu tout loisir d’analyser la contre-performance des siens. « Je n’ai pas senti cet esprit d’équipe. Quelque chose clochait. Ce n’était pas l’entente parfaite . » Une querelle d’hommes ? « Ce que je sais, c’est qu’en arrivant aujourd’hui à Berne, j’ai retrouvé cette ambiance qui peut faire notre force. »
C’est une bonne base
Steve Guerdat, comment vivez-vous ces dernières semaines avant les Jeux ?
J’ai renoncé à me rendre à Estoril, je ne souhaitais pas m’imposer un déplacement supplémentaire. De plus, je suis déjà qualifié pour la finale du Global Tour (n.d.l.r. qui aura lieu cet automne à Rio). J’en ai profité pour passer une semaine chez moi à Herrliberg et m’organiser un peu puisque l’on sera loin de nos écuries durant trois semaines.
Avez-vous franchement hésité entre Trésor et Jalisca Solier ces derniers temps comme on a pu le comprendre ?
A chaud peut-être, juste après les épreuves D’Aix-la-Chapelle. Mais il n’y avait aucune raison de tout chambouler, j’ai confiance en Jalisca, je sais qu’elle est en forme.
Pourtant, d’autres ont hésité à votre place…
(il sourit). Oui, un peu, surtout que ces mêmes personnes pensaient, il n’y a pas si longtemps, que Trésor n’était pas un cheval pour monter un Prix des Nations. C’est comme ça.
Ces Jeux vous rappellent forcément votre expérience de 2004 à Athènes…
J’en garde de très bons souvenirs en tout cas, nous étions une toute jeune équipe, peu de gens croyaient en nous mais on a tout donné. J’ai vécu les Jeux que je rêvais. Cette année, je suis content de participer à la cérémonie d’ouverture, même si cela implique que nous ne montions pas durant deux jours.
On connaît votre objectif pas équipe – une médaille – et en individuel, vous montrez-vous ambitieux ?
Il faut être réaliste. Jalisca Solier n’est pas le type de cheval pour une telle épreuve en individuel. Je ne dis pas que je n’ai aucune chance, mais je préfère être sur place, voir les conditions, le chef de piste, le tracé pour définir réellement mes chances. Mais Jalisca sautera avec son cœur, c’est certain.
Christina Liebherr, vous participerez à Hong Kong à vos deuxièmes Jeux olampiques. En quatre ans, vous donnez l’impression d’avoir vécu une progression presque linéaire !
Chaque année, avec No Mercy, on a progressé ensemble, on s’est construit. On a aussi confirmé.
Alors, les Jeux de la maturité ?
Pourquoi pas! No Mercy a treize ans, on dit que c’est le bon âge pour un cheval de compétition. Je veux y croire. Je vois beaucoup de signes positifs. Le climat notamment. Je sais qu’il apprécie ce genre de conditions. Je pense donc, qu’au contraire d’autres montures, No Mercy sautera «normalement». J’ai de quoi me montrer sereine, mais je sais qu’il faudra se battre sur chaque obstacle. Et à la fin, on fera les comptes…
…Et à la fin, comme souvent au football et dans les sports équestres, ce sont les Allemands qui gagnent !
C’est un beau challenge, non? Avec cette équipe, on peut viser le haut.
Etes-vous satisfaite de votre préparation ?
On pense à ces Jeux depuis mars, même si on a participé à beaucoup d’épreuves. On a travaillé fort et j’ai beaucoup appris. Un travail de confiance s’est établi. Les personnes qui nous ont entourés avaient beaucoup de volonté et de savoir-faire. Je ferai maintenant le déplacement à San Patrignano. Je n’alignerai No Mercy que dans les petites épreuves. Il aura besoin de sauter.
Vous ne ferez pas le déplacement de Hong Kong avec votre groom habituel !
C’est mon écuyère Simona Bundi qui m’accompagne. C’est important puisqu’elle pourra monter No Mercy durant notre voyage à Pékin. C’est aussi un geste de reconnaissance. Elle s’est beaucoup occupé de No Mercy durant ma blessure. Je lui fais entièrement confiance.
Source : LQJ www.lqj.ch
Textes : Raffi Kouyoumdjian